TROMBE (F.)

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Félix TROMBE 1906-1985

Félix Trombe (Nogent-sur-Marne, 1906- Gauties, Haute-Garonne, 1985) est principalement connu pour ses recherches concernant les utilisations de l’énergie solaire.

Les Pyrénées centrales, un massif karstique percé de grottes et de gouffres, un petit village, Ganties, doté d’une station thermale, tel est l’environnement qui a marqué l’enfance et l’adolescence de Félix Trombe. Sa carrière scientifique se déroulera au C.N.R.S., dans les domaines de la physique, de la chimie, de la métallurgie et des développements technologiques; mais Félix Trombe n’oubliera pas ses racines et il consacrera ses loisirs à la préhistoire et à la spéléologie, qu’il abordera en scientifique et en sportif. Son nom restera attaché aux explorations du réseau d’Arbas (réseau Trombe), du gouffre de la Hennemorte et à des publications telles que: Gouffres et cavernes du Haut-Comminges , Le Centre préhistorique de Ganties-Montespan , La Spéléologie , Les Eaux souterraines et, surtout, son Traité de spéléologie , qui fait autorité en la matière.

Il sort en 1928 de l’institut de chimie de Paris, muni de son diplôme d’ingénieur-chimiste.

En 1930, il entre, comme boursier de thèse, chez le professeur Georges Urbain, spécialiste des terres rares, ou lanthanides. À cette époque, on ne connaît, dans un état de pureté satisfaisant, que quelques composés de ces éléments. Félix Trombe met au point plusieurs procédés adaptés à la préparation de ces métaux très réactifs et isole, à l’état pur, le lanthane, le néodyme, le cérium puis le gadolinium, le dysprosium et l’yttrium.

L’étude des propriétés physiques des métaux lui permet de mettre en évidence des phénomènes insoupçonnés d’une ampleur et d’une importance exceptionnelles. Citons, en particulier, le ferromagnétisme du gadolinium, le ferromagnétisme et l’antiferromagnétisme du dysprosium, les transformations allotropiques du cérium. Ces phénomènes s’accompagnent de tout un cortège d’anomalies (dilatation, conductibilité électrique, chaleur spécifique...) pour l’étude desquelles Félix Trombe concevra et mettra au point des montages permettant de travailler depuis la température de l’azote liquide jusqu’à 1 000 0C.

Ces découvertes, qui font déjà pressentir l’importance que prendront les lanthanides, aussi bien en recherche fondamentale que dans le domaine des applications industrielles, conduisent, en 1945, Frédéric Joliot, alors directeur du Centre national de la recherche scientifique, à créer, à Meudon-Bellevue, un important laboratoire de recherches sur les terres rares (laboratoire Georges Urbain), que Félix Trombe dirigera pendant 24 ans (1945-1969) et où l’équipe qu’il a formée continuera à travailler dans les différentes voies tracées.

Spécialiste des technologies de haute température, Félix Trombe est conduit à s’intéresser à l’énergie solaire, restée en sommeil, en France, depuis les travaux de Cassini, de Buffon et de Lavoisier.

En 1946 est installé, à Meudon, un four solaire de faible puissance (2 kW), principalement destiné à l’élaboration d’oxydes et de divers composés réfractaires très purs. De nouvelles technologies, adaptées au rayonnement convergent issu du miroir parabolique, sont mises au point.

Les résultats obtenus à Meudon entre 1946 et 1949 permettent d’entrevoir les immenses possibilités offertes par ce nouveau mode de production des très hautes températures et, en 1949, des moyens de travail accrus sont donnés à Félix Trombe avec la création, à Montlouis (Pyrénées-Orientales), du laboratoire de l’énergie solaire du C.N.R.S. En particulier, l’installation de batteries de fours, composés de l’ensemble héliostat-miroir parabolique, permet d’intensifier et de diversifier les thèmes de recherche.

Cependant, le développement en puissance de l’outil four solaire et sa promotion à l’échelle industrielle restent l’objectif fondamental de Félix Trombe, et c’est dans cet esprit qu’il fera construire le prototype de 50 kW de Montlouis puis le grand four de 1 000 kW d’Odeillo Font-Romeu. Pour ces deux réalisations, qui paraissaient poser, a priori, des difficultés techniques insurmontables, il mettra en œuvre des conceptions originales et simplifiées, tant au niveau de l’orienteur (champ d’héliostats) que du concentrateur (miroir parabolique «à facettes»).

Instrument de travail pour la recherche fondamentale mais aussi source de contrats industriels et d’échanges internationaux, le four de 1 000 kW — outil spectaculaire alliant l’efficacité à une indiscutable esthétique — aura valeur de symbole et consacrera le rayonnement international de la France dans le domaine de l’énergie solaire.

Dans le cadre des économies d’énergie ou de l’aide aux pays en voie de développement, Félix Trombe étudie d’autres formes d’exploitation des énergies de rayonnement. Ses maisons solaires, faisant intervenir des techniques de chauffage dites «passives», sont de plus en plus utilisées, en particulier aux États-Unis, où le «mur Trombe» connaît un succès indéniable. La production de froid (climatisation des habitations ou fabrication de glace) est réalisée suivant deux techniques très différentes: un cycle intermittent classique (eau-ammoniac) utilisant, pour sa source-chaude, le rayonnement solaire, ou une autre méthode, originale et très prometteuse, qui fait intervenir le rayonnement sur l’espace, dans certaines conditions, des surfaces terrestres. Des expériences effectuées dès 1960 à Montlouis puis, en 1970, au Chili, ont conduit à des résultats spectaculaires, des chutes de température de plus de quarante degrés ayant été observées.

L’œuvre scientifique de Félix Trombe a fait l’objet d’environ 300 publications et de nombreux contrats et brevets. En outre, Félix Trombe organisa plusieurs colloques internationaux et dirigea la publication du tome VII (en 2 vol.), consacré aux lanthanides, du Nouveau Traité de chimie minérale de Paul Pascal. Nommé membre du conseil de diverses sociétés scientifiques, Félix Trombe fut, de 1959 à 1961, appelé à siéger au premier comité consultatif de la recherche scientifique et technique auprès de la présidence du Conseil. Il joua un rôle international de premier plan. Ses conseils et son aide furent sollicités — tant pendant sa période d’activité au C.N.R.S. qu’après son départ à la retraite, en 1976 — par tous les pays intéressés par l’exploitation de l’énergie solaire: Inde, Espagne, Grèce, Italie, Israël, États africains, États-Unis, Canada, pays d’Amérique latine... Les distinctions reçues tout au long de sa carrière soulignent l’importance des services rendus et l’estime du monde scientifique pour l’œuvre entreprise: croix de guerre 1939-1940, chevalier (1947) puis officier (1961) de la Légion d’honneur, commandeur dans l’Ordre des-palmes académiques, médaille d’or des sports. Lauréat de la Société chimique de France (1934), de l’Académie des sciences (1935, 1948), de la Société de géographie (1946) et de l’Institut de France (1953), il reçut, de 1978 à 1981, pour ses travaux sur l’énergie solaire, plusieurs prix dont le grand prix de l’énergie (Société générale), le grand prix scientifique de la Ville de Paris, le prix Farrington Daniels de la Solar Energy Society.

Ce qui frappait, dans la personnalité multiple et extraordinairement riche de Félix Trombe, c’était un esprit créatif exceptionnel, l’étendue de ses connaissances dans des domaines très divers, l’ampleur et l’originalité de ses vues et une grande ténacité pour faire aboutir ses projets. À ces caractéristiques, il joignait des qualités humaines non moins remarquables, un rayonnement et un sens des contacts lui permettant de convaincre et de susciter l’adhésion et l’enthousiasme de tous ceux avec lesquels il travailla. S’engageant toujours hors des sentiers battus, il put être qualifié, dans tous les domaines qu’il aborda, d’apôtre et de pionnier.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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